Qui pour sauver les Démocrates ?
Au programme cette semaine : des impétrants improbables, une star du micro et du basket et de la dépression démocrate. Côte à Côte Épisode 6
Un journaliste de sport à la Maison Blanche ?
Il est le plus influent de tous les commentateurs sportifs. La preuve, ses propos sont tellement repris, partagés, écoutés, que Stephen A. Smith a eu droit à un sermon de sa majesté LeBron James, la plus grande star NBA actuelle, venue en personne lui dire sa façon de penser sur l’une de ses interventions, à la fin d’un match gagné par les Los Angeles Lakers. Une vidéo devenue virale sur les réseaux.
Et pour voir à quel point son influence s’étend bien au-delà du basket, il faut regarder un sondage publié en janvier et qui teste Stephen A. Smith parmi une quinzaine de potentiels candidats démocrates pour la présidentielle de 2028. Il y aussi ce site de paris qui le place officiellement sur sa liste de concurrents, liste dans laquelle il tient la comparaison avec certaines figures du Parti. Ses scores restent certes minimes pour le moment, mais sa seule présence dans la conversation dit beaucoup. De lui. Du parti. De l’électorat. Du pays.
20 millions de dollars par an, comme un sportif
Stephen A. Smith est un journaliste de sport, spécialisé dans le basket et le foot américain. Il a commencé sa carrière en presse écrite, avant de poursuivre en radio et en télé en 1999. Il est aujourd’hui la star de la chaîne spécialisée ESPN avec qui il vient de signer pour cinq années supplémentaires, à 20 millions de dollars par an, le plus gros contrat de l’histoire du canal qui a pourtant compté dans ses rangs quelques grands noms du sport. Il participe, comme éditorialiste, à plusieurs programmes TV et radio, possède sa propre émission, le Stephen A. Smith Show.
Son style ? Le spectacle permanent, des avis ultra tranchés, des vociférations, des formules bien senties. Avec cet accent venu de son Bronx natal qui lui confère un rare sentiment d’authenticité, il détruit ou encense les joueurs, les entraîneurs, les équipes, s’énerve, argumente. Il agace, vise juste, en fait des caisses et ses émissions cartonnent. Il cumule plus de 12 millions d’abonnés sur ses propres réseaux sociaux. YouTube regorge de montages de ses saillies les plus folles. Un provocateur né qui joue même un petit rôle récurrent dans le feuilleton General Hospital.
Mais si depuis quelques mois, Stephen A. Smith est sorti du cadre du sport et du divertissement, c’est parce qu’il a commencé à parler de plus en plus de politique dans son émission. Il l’a toujours fait mais jamais avec autant de véhémence. Depuis la campagne présidentielle 2024, il reçoit dans son studio des élus, prend des positions aussi appuyées que sur le sport et ça ne passe pas inaperçu.
Il démolit le journaliste de Fox News
Inscrit comme indépendant sur les listes électorales (aux États-Unis, vous pouvez indiquer sur votre carte d’électeur de quel côté vous penchez), Stephen A. Smith se définit comme socialement de gauche, économiquement de droite. Il dit avoir toujours voté démocrate mais pourrait voter pour un Républicain centriste (il a d’ailleurs participé à des levées de fonds pour le plus anti-Trump des candidats de la dernière primaire républicaine, Chris Christie). Car ce qui le définit le mieux politiquement, c’est son opposition féroce au locataire de la Maison Blanche.
Contre toute attente, c’est la chaîne conservatrice Fox News qui va accélérer son entrée dans l’arène politique. En octobre, juste avant l’élection, il est invité chez Sean Hannity, un journaliste qui a son rond de serviette chez Donald Trump. Rompu aux joutes verbales et aux heures de débat sur les chaînes de sport, Stephen A. Smith maîtrise à merveille la dialectique. Imbattable, il démolit Sean Hannity et son argumentaire pro-Trump. Il ne dit pas forcément grand-chose mais il le dit haut, fort et clair. Et ça a marqué les esprits. Dans les couloirs de Fox News, on admire alors la gouaille et la gnaque de celui qui constituerait un sacré adversaire pour les Républicains. Une révélation politico-télévisuelle semble née :
« Je sais que vous ne parlez pas de quelqu'un de lucide et de convaincant, qui exprime clairement ses pensées, et vous vous vantez de Donald Trump. On ne doit pas regarder les mêmes vidéos alors. »
La formule fait mouche et tourne beaucoup.

Jusqu’alors, pour aller sur les terres républicaines contrer les arguments pro-Trump, les Démocrates n’avaient qu’un homme. Pete Buttigieg, ancien candidat à la primaire démocrate et secrétaire aux transports sous l’administration Biden. Efficace certes, brillant même, mais un peu trop intellectuel peut-être pour le commun des téléspectateurs.
« Un idiot » d’avoir voté Harris
À partir de là, Stephen A. Smith fréquente de plus en plus les chaînes d’info qui veulent avoir sa vision de l’élection. Surtout que Smith tape sur tout le monde à bras raccourcis. Il déteste Trump mais dit avoir été « un idiot » d’avoir voté Harris. Après la défaite de la vice-présidente, il devient même l’un de ses contempteurs les plus farouches. Et étonnamment l’un des plus écoutés.
« La bonne élève collet monté. Mais devinez quoi ? Ça n’a jamais pris. Les gens parlent de sécurité et d’immigration et le Parti parle de tout autre chose. Il faut quelqu’un avec des aspérités. Quelqu’un qui, quand il parle, influence les esprits et les cœurs »
Un autoportrait ? Car cet Afro-Américain de 57 ans au verbe haut a conservé sa sincérité et son style direct. Il critique les Démocrates, leur échec à créer un lien avec l’électorat, leur propension à se focaliser sur des débats de niches (notamment la question des transgenres dans le sport) au lieu de parler inflation, insécurité et immigration. En janvier, dans une émission TV, il livre un réquisitoire tonitruant contre l’état-major démocrate :
« Vous avez un homme qu’on a tenté de destituer deux fois, qui a été reconnu coupable de 34 chefs d’accusations et le peuple américain dit quand même : ‘Il est plus proche de la normalité que la gauche’ ».
En février, la semaine même où les Démocrates avaient toutes les peines du monde à afficher un visage uni et à trouver une réponse sensée et forte au discours devant le Congrès de Donald Trump, Stephen A. Smith lui séduisait un large auditoire dans un podcast à succès. Tout un symbole. Le voici désormais élevé au statut d’impétrant. Et le phénomène est pris au sérieux, à tel point que des journaux de référence tels que le Washington Post ou le New York Times se sont empressés de lui consacrer un article.
Et lui ? En cabot, il s’en amuse, souffle le show et le froid. Vaniteux, il se laisse emporter par cette foule d’attention. Et aux journalistes qui l’interrogent sur son nouveau rôle :
« Je suppose que les citoyens, en particulier à gauche, sont désespérés. Et je le pense vraiment : je pense pouvoir tous les battre. Je plaisante à moitié, mais je le pense sincèrement. Si vous veniez me voir et me disiez que j’ai une chance légitime de remporter la présidence des États-Unis d’Amérique, j’y réfléchirais sans hésiter. Je ne suis pas qualifié, il faut examiner qui est en face, comment Trump s’en est tiré avec si peu de cohérence. »
« Il ne connaît rien à la politique »
C’est justement cette énergie, ce franc-parler, ses dons de communicant et son manque d’expérience qui opèrent. Les cercles démocrates s’envoient depuis des mois ses analyses sur leur situation complexe. Certains vont même jusqu’à souhaiter sa candidature :
« Il se lance toujours avec passion, il a du charisme, il provoque des émotions, crée le débat. Il est devenu la personne la plus influente dans tous les sports », estime un stratège du Parti. Un élu va plus loin : « Beaucoup d’entre nous seraient bien inspirés d’écouter ce qu’il a à nous dire ».
Mais son arrivée sur la scène démocrate divise tout autant que ses commentaires en sport. Il a déjà de nombreux opposants : « Il ne connaît rien à la politique, il n’a jamais fait de travail de terrain », dénonce un conseiller du Parti.
Un Trump de centre-gauche ?
Alors les Démocrates ont-il raison d’écouter le chant de cette sirène très médiatique ? Clairement, le Parti est déboussolé, sans repères, sans leader, sans ligne. Perdu entre un duo Bernie Sanders/Alexandria Ocasio-Cortez lancé dans un grand tour de la résistance à Donald Trump et qui a encore rassemblé 36 000 personnes à Denver le week-end dernier ; Gavin Newsom, le gouverneur de Californie, autre candidat crédible, qui fait lui le pari du recentrage ; et enfin des officiels aux abonnés absents. Stephen A. Smith apparaît comme le seul qui fait ce que l’institution ne sait plus faire depuis au moins Barack Obama : parler aux gens. Notamment à ceux qui vivent loin des deux côtes, loin des grandes villes.
« Imprévisible, indépendant et amusant », le décrit un de ses anciens collègues. Ça ne vous rappelle rien ? Un candidat issu de la télé, inexpérimenté, populaire, bateleur et excellent débatteur, qui dit ce qu’il pense tout haut et qui n’a peur d’affronter personne ? La ressemblance avec le Président actuel est tentante. Mais les Démocrates doivent-ils verser absolument dans le populisme progressiste pour espérer revenir au pouvoir et concurrencer le mouvement MAGA dans l’électorat populaire ?
L’homme qui ne faisait que critiquer
Cela raconte aussi ce qu’est devenue la politique états-unienne : un ring où le divertissement prend de plus en plus de place. Mais après les candidatures successives d’Hillary Clinton, Joe Biden et Kamala Harris, jugées trop molles et hautaines, beaucoup dans le camp démocrate veulent croire que la vérité se trouve dans un champion de la communication qui n’a pas peur d’aller au combat, une personnalité qui ne vienne pas du sérail. Alors que les Républicains continuent à voir monter des figures similaires à Donald Trump comme Joe Rogan, le podcasteur conservateur.
Car le Parti se trouve dans le même état qu’en 2016, après la première victoire de Donald Trump : à la recherche de critiques constructives, d’idées fraîches, de nouveaux soutiens. La défaite face à Trump et la campagne ratée d’Hillary Clinton, hors-sol et trop confiante, avaient poussé les Démocrates à envisager toutes les solutions. Même les plus fantasques (comme vous le lirez dans notre article suivant).
Dans un contexte similaire en 2025, l’irruption de Stephen A. Smith ressemble à un vent de fraîcheur. Même si son improbable nouveau statut ne fait pas du journaliste sportif une solution viable pour autant. Pour le moment. Car lui continue à faire ce qu’il sait faire de mieux : la critique. Mais a-t-il, derrière sa seule envie, des idées à avancer pour son pays ? En tout cas lucide sur sa soudaine popularité politique, le commentateur explique qu’il en connaît la cause :
« Je ne fais pas les gros titres à cause de moi. Je fais les gros titres à cause du Parti démocrate »
Les outsiders démocrates
Depuis la première victoire, sidérante, de Trump en 2016, les Démocrates n’ont cessé de se demander : comment contrer cet ensorcellement ? Si, jusqu’ici, des approches classiques ont prévalu — Joe Biden et Kamala Harris étant des politiciens traditionnels — des voix s’élèvent pour réclamer plus d’audace.
Face à un électorat polarisé et à une classe politique usée, certains fantasment ouvertement un « ticket » hors des clous. Pour battre un milliardaire et ancienne star de la télé-réalité, pourquoi ne pas opposer une autre figure issue du divertissement, des affaires ou des médias ? L’idée n’est pas forcément bonne (elle est à notre avis très mauvaise), mais elle se défend.
Si Stephen A. Smith semble aujourd’hui bien placé dans ce petit jeu des chaises musicales — ce qui ne veut rien dire pour 2028 : c’est dans trois ans, une éternité en politique —, d’autres noms ont été évoqués ces dernières années, avant d’être généralement démentis par les principaux intéressés. Revue des troupes.
Ceux issus du show business
Oprah Winfrey : longtemps pressentie comme la candidate idéale, la reine du talk-show a toujours refusé de se lancer, malgré un appel du pied appuyé après son discours enflammé aux Golden Globes en 2018. Oprah a souvent exprimé son aversion pour l’agressivité et le cynisme du monde politique qui, dit-elle, vont à l’encontre de ses valeurs. Elle préfère donc utiliser son influence médiatique pour soutenir les causes qui lui tiennent à cœur — de la lutte contre les inégalités raciales à l’éducation des jeunes filles — plutôt que d’entrer dans l’arène.
George Clooney : régulièrement interrogé sur ses ambitions politiques — y compris après qu’il a poussé Joe Biden à abandonner la course en juillet 2024 —, l’acteur de 63 ans vient encore de couper court aux spéculations, disant préférer Broadway à Washington. Il est en effet actuellement à l’affiche d’une pièce adaptée de son film de 2005 Good Night and Good Luck, où il interprète le journaliste ayant résisté au McCarthysme, Edward Murrow. Et ça cartonne, ayant battu tous les records. Alors pourquoi s’embêter ?
Jon Stewart : le présentateur du Daily Show (de 1999 à 2015, et à nouveau depuis 2024) continue d’incarner une voix politique influente à gauche. Sa maîtrise des débats, son franc-parler et sa capacité à défaire ses adversaires avec une ironie mordante en feraient un candidat rêvé pour certains progressistes. Son nom est ainsi régulièrement évoqué, mais Stewart n’a jamais confirmé quoi que ce soit. Une pétition en ligne milite pour sa candidature en 2028, mais elle n’a recueilli que 1494 voix à ce jour. Pas assez pour le convaincre de se lancer. Mais toujours plus que “LeBron James 2028” et ses 31 signatures.
Dwayne « The Rock » Johnson : l’acteur et ancien champion de catch est fréquemment mentionné parmi les célébrités susceptibles de se lancer en politique. Il a alimenté les spéculations en 2016 en déclarant au British GQ qu'il n'excluait pas une carrière politique, trouvant attrayante l'idée de devenir gouverneur de Californie (dans les pas d’Arnold Schwarzenegger donc) ou même président. En octobre 2022, lors d'une interview avec CNN, il a révélé être touché par le nombre de demandes reçues en ce sens mais affirmé vouloir pour l’instant « privilégier sa vie familiale » et sa carrière d’acteur. Mais il n’a pas fermé la porte. Pour quel parti ? C’est la question. Indépendant plutôt que Démocrate, il a appelé à voter Joe Biden en 2020, mais pas en 2024, citant la nécessité de ne pas « polariser davantage le pays » — ce qui signifie qu’il a probablement voté Trump cette fois-ci, mais n’a pas envie de s’aliéner la moitié du pays qui n’a pas fait le même choix.
Matthew McConaughey : autre star inscrite sur les listes électorales comme Indépendant, le Texan a sérieusement envisagé une candidature au poste de gouverneur de son État pour les élections de 2022. Mais finalement, en novembre 2021, à quelques semaines de la date limite de dépôt des candidatures, McConaughey a renoncé. En juillet 2024 cependant, lors de la réunion annuelle de la National Governors Association, l’acteur oscarisé a réitéré son intérêt pour la politique, déclarant être en « tournée d’apprentissage depuis six ans ».
Ceux qui font du business un show
Mark Zuckerberg : En 2017, le PDG de Facebook a entrepris une tournée nationale aux États-Unis, visitant divers États, démocrates ou républicains, afin, soi-disant, de prendre le pouls de la nation, et surtout alimentant les spéculations sur une éventuelle candidature présidentielle en 2020. Cependant, son image publique a ensuite été ternie par une série de controverses, à commencer par le scandale Cambridge Analytica en 2018, où les données personnelles de millions d'utilisateurs ont été exploitées sans consentement au profit de la campagne de Donald Trump. Symbole de la toxicité des réseaux sociaux, à gauche comme à droite, il est désormais, en plus, un épouvantail pour les Démocrates depuis qu’il a fait allégeance au trumpisme — sans pour autant convaincre les Républicains qu’il était autre chose qu’une girouette gonflée aux anabolisants. Bravo Zuck.
Mark Cuban : milliardaire anticonformiste, ancien propriétaire (et toujours actionnaire) des Dallas Mavericks, il est régulièrement évoqué comme une figure capable de transposer le modèle Trump dans le camp démocrate. Comme ce dernier, il combine sens des affaires et du spectacle en participant à l’émission Shark Tank sur ABC (où il s’agit pour des investisseurs de juger des entrepreneurs). Toutefois, en février 2025, il a mis fin aux spéculations en déclarant catégoriquement qu’il ne serait pas candidat en 2028. Il préfère utiliser son influence autrement, notamment à travers sa société pharmaceutique Cost Plus, où il milite pour une refonte du système de santé.
Bob Iger : PDG de Disney, ce magnat a reconnu avoir sérieusement envisagé de se présenter en 2016 puis en 2020, encouragé par des figures influentes du Parti démocrate (ainsi que par Oprah Winfrey) qui voyaient alors dans son profil une réponse à l’usure des figures politiques traditionnelles. En 2024, il a toutefois clos le débat, affirmant qu’il ne briguerait jamais la présidence et que son engagement restait tourné vers le monde des affaires. Depuis 20 ans à la tête de Disney, qu’il a transformé en géant, il y a joué de fait un rôle politique, en en faisant une entreprise relativement inclusive, en tout cas largement moins conservatrice que par le passé. Mais depuis que les Républicains ont fait de l’abolition des politiques de D.E.I. le cœur de leur combat sociétal, Disney est dans le collimateur (notamment avec une enquête de la F.C.C., l’Arcom locale). Iger — qui a déjà laissé sa chaîne ABC donner un chèque à Trump, comme on le racontait précédemment — va-t-il se coucher définitivement ou tentera-t-il de filouter ?
Et puis bien sûr…
Michelle Obama : sans doute l’option la plus populaire, mais aussi la plus improbable. L’ex-Première dame a répété à de nombreuses reprises qu’elle ne voulait pas se lancer en politique, mettant en avant le désir de protéger ses filles, Malia et Sasha, des contraintes et de l'exposition médiatiques liées à la vie publique. Son charisme, son expérience, son ancrage progressiste et sa popularité vérifiée à chaque sondage feraient d’elle une adversaire redoutable face à Trump. Mais chaque rumeur d’une candidature s’éteint devant son refus catégorique. Elle joue davantage le rôle de stature morale que de prétendante à la Maison-Blanche.
Les politiciens du Parti : dans leurs rangs, les Démocrates possèdent aussi quelques figures « hors cadre ». Marc Kelly, ancien astronaute et actuellement sénateur d’Arizona, qualifié de traître par Musk pour avoir osé le critiquer ; ou J.B. Pritzker, héritier des hôtels Hyatt, gouverneur d’Illinois et politicien cabot (il est assez doué pour troller Trump). La vérité n’est donc peut-être pas ailleurs.
En bref
Même Hollywood est lassé par les Démocrates
En déplacement à Los Angeles la semaine dernière pour une levée de fonds, le chef des démocrates à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, s’est heurté à la lassitude des donateurs démocrates. « Je passe mon tour », a ainsi lâché un habituel donateur à la gazette d’Hollywood Deadline. « Ce n’est pas le moment de demander de l’argent », s’est agacé un producteur, cité par une autre gazette, The Ankler. « C’est le moment de nous expliquer ce que vous foutez. »
Il n’y a pas qu’à Hollywood qu’on se pose la question.
La recommandation
Parmi les films américains à raconter les péripéties de politiciens atypiques (The Campaign, Man of The Year, Head of State), le meilleur est à notre humble avis : The Candidate (Votez McKay en V.F.), avec Robert Redford. Sorti en 1972, cette satire aborde le cynisme en politique à travers l’ascension de Bill McKay, un avocat idéaliste propulsé malgré lui dans une campagne sénatoriale qu’il pense d’abord vouée à l’échec, avant d’être pris inexorablement dans les rouages du système. Écrit par Jeremy Larner, ancien conseiller politique (qui remportera un Oscar pour ce scénario), et mis en scène avec finesse par Michael Ritchie (principalement un réalisateur de comédies, pour la plupart oubliables), le film capte avec acuité la transformation d’un homme broyé par la mécanique électorale.